Née en 1951, Cécile Rama vit et travaille à Lyon « Il me semble que je « fais des choses avec mes mains » depuis toujours... Dessiner, coudre, bricoler... Toutes choses qui ont fait la base de ma pédagogie pendant les 25 années où j'ai enseigné. Ensuite, comme psychologue dans les écoles pendant 15 ans, j'ai utilisé le collage et le dessin comme support matériel quotidien de mes prises en charge. Je crois que la créativité est une aide véritable pour être parent, pour enseigner, pour vivre tout simplement. Aujourd'hui je compose autour des jardins familiaux. De toutes les couleurs et en toutes saisons, ils ressemblent à ceux qui les cultivent et sont une source inépuisable et paisible d'inspiration. En 2004, Claude, mon mari, a obtenu un jardin ouvrier sur la colline de Fourvière. C’est un lieu créatif par excellence où chaque jardin est singulier, un lieu d'échange et de partage solidaire, et c'est d'une grande beauté. Toute cette nature en pleine ville, ces arbres, ces salades, ces roses... Toutes ces personnes qui se donnent des tuyaux pour avoir de belles carottes ! Les jardins sont changeants, ils évoluent, on y vit avec les saisons, on prend le temps de voir pousser ce que l'on a semé, ils changent de couleur et d'odeur, on y prend les repas du soir en été, on voit le soleil se coucher en entendant la rumeur lointaine de la ville, je crois qu'on y est plus vivant et plus calme qu'ailleurs ! Ils forment, tous ensemble, une mosaïque verdoyante que j'ai eu envie de représenter. Le premier jardin que j'ai fait était vert et puis je me suis amusée à en faire un rouge... Depuis il y en a de toutes sortes, selon la couleur, la saison, la région évoquée, l'heure du jour... C'est comme une variation sur le thème des jardins. » « Créer, c’est jubilatoire ! Ça me remplit ! Je fais, ça vient tout seul, c'est presque comme une chorégraphie les mains et la tête se mettent d'accord... et ensuite je regarde et je m'étonne, je suis surprise. Dans l'après-coup, il m'arrive d'observer, d'analyser le tableau, d'y voir un équilibre, une harmonie, ou une audace auxquels je n'avais pas précisément pensé... ça se fait tout seul ! Il me semble que je ne vais jamais aussi bien que lorsque je suis en plein tableau ! Je voudrais en faire beaucoup, y passer plus de temps ! » « Comme une couturière broderait à la colle sur du contre-plaqué, j'utilise des bouts de passementerie, des dentelles, des végétaux séchés, des cailloux minuscules, du carton ondulé, toutes sortes de matériaux décalés souvent jetés, de la peinture et du vernis-colle, pour réaliser une œuvre tranquille et légère, comme une présence au monde pour adoucir le cours du temps ». La plupart des textes sont extraits de la revue de Marie Morel : Regard, n°138 - 2017