Né en 1986, Alicia Lasne, vit et travaille à Rouen. « J’ai toujours su que l’art ferait partie de ma vie. Sous une forme ou une autre. Durant mon enfance j’ai souffert de phobie scolaire, puis de troubles anxieux à l’adolescence. L’imagination, la poésie, le dessin ont toujours été une sorte de protection contre le chaos qui règne à l’extérieur. Mes broderies reflètent toutes l'immense frustration et l'incompréhension du monde qui m'entoure. Je suis autiste sans déficience intellectuelle et... Etre autiste c'est vivre dans un monde imprévisible et chaotique. C'est être sans cesse dans un tourbillon d'informations. C'est être perpétuellement fatiguée, parce que toutes ces informations, comme les odeurs, les bruits, la lumière, les interactions sociales, demandent un effort, parfois, insurmontable à mon cerveau. Alors, quand je force, tout s'effondre. Etre autiste c'est s'entendre dire "tu pourrais faire des efforts, ce n'est pas compliqué" ou "oui enfin, si tu parles, c'est que tu n'es pas autiste, t'es juste timide". Etre autiste, dans mon cas, c'est ne pas pouvoir regarder une personne dans les yeux, parce que c'est trop intense, presque comme une douleur. Etre autiste c'est, ne pas comprendre ses ressentis, trop fort ou pas assez. Des ressentis aussi banals, comme j'ai faim, j'ai mal... Etre autiste c'est avoir du mal à appréhender ce qui semble aller de soi pour les personnes ordinaires. C'est être face à l'inconnu, à l'imprévisible, comme être plongé au milieu de l'Amazonie, seule, juste pour aller faire ses courses. Etre autiste, c'est mettre des rituels en place comme des refuges pour gérer un quotidien, répéter les mêmes gestes ou se rendre au même endroit, chaque jour, inlassablement, par une nécessité viscérale de contrer l'imprévu. Etre autiste c'est aussi ne pas avoir les mots pour exprimer tout ce monde qui m'entoure avoir comme une bulle de verre autour de soi et être incapable de rentrer en communication avec l'extérieur, alors je brode, tout ce que je ressens, observe et ne peut atteindre... » + Quelques textes glanés sur le facebook d’Alicia « Il existe en nous, un lieu qui ne demande qu'à être aimé. Un lieu, qui n'est pas une perfection où l'on pourrait s'admirer, mais un lieu où nous sommes simplement des Hommes. Nous pouvons nous améliorer, nous remettre en question afin d'évoluer. Mais aucune parole, aucun acte n'a de véritable sens, s'il n'est pas fait avec amour. Comment partager, aimer l'autre, si, en nous, tout est chaos. » « C'est en cherchant le grand cerf blanc, sur les sentiers de cette forêt que j'ai découvert une énergie différente de celle que l'on m'imposait. Un lien avec notre planète qui me demandait de ne plus avoir peur de ressentir. D'être sensible au point, parfois de vaciller, d'apprendre l'humilité de ne rien savoir. D'accueillir tout. En grand. Que de baisser les armes n'est pas une faiblesse. Au détour du sentier, je l'ai croisé. N'ayez pas peur de vos ténèbres. Le grand cerf blanc veille. »