Née en 1976, Marie Vandooren vit et travaille à Moisdon la Rivière (44) depuis 2014. Artiste peintre, photographe et sérigraphe, elle a participé à un projet collectif à Nantes, les ateliers de Bitche, de 2009 à 2014 où elle disposait d’un espace de travail. Assistante sociale de formation et ayant travaillé auprès du public SDF à Nantes, elle a été rapidement amenée à interroger l’espace public et son aménagement. « L’urbanisme, en tant que surface à habiter, l’espace public et l’architecture occupent une place prédominante dans mon travail. Depuis 2012 et une première série de photographies argentiques, je questionne l’espace urbain. J’interroge les modifications apportées par les urbanistes, et comment ces derniers, en pensant la ville idéale, créent des espaces générateurs de contraintes. » En sérigraphie, partie de l’envie de repenser l’espace urbain, elle le modifie de telle sorte qu’il perd son utilité première et devient un objet "esthétisé" sans plus aucune fonction. Marie Vandooren extrait un élément architectural de son environnement habituel et le modèle. Avec un jeu de miroir inversé, elle crée une forme autonome qui défie la gravité. Partant de ses photographies ou de différentes images glanées dans de vieux documents elle dissèque une forme et cherche à lui donner une apparence harmonieuse au-delà de sa fonction. L’idée est de repenser l’espace, de modifier l’existant et d’en recréer les contours. En peinture, Marie Vandooren interroge notre rapport intime à la ville. A la manière d’un collage elle joue sur les échelles et les proportions. Les espaces urbains reproduits sont des décors, abritant des humains en errance, des personnages inexpressifs occupés à leurs pensées, dans une posture intime. Mis à nu et surexposés dans l’espace, les personnages deviennent vulnérables, enfermés dans des univers qui paraissent clos. Ils errent sans but, s’ennuient, vaquent à des occupations vaines. Il s’agit de mettre en avant l’absurdité de nos sociétés modernes dans le décor de la ville, là où tout se montre mais où tout y est faux. Le dedans et le dehors se confrontent laissant apparaître la solitude des figures humaines. Son traitement, proche de celui de la bande dessinée, tend à montrer combien les villes sont devenues toutes semblables, des lieux vides où l’homme a de plus en plus de mal à trouver son identité. Enfin, il est aussi question de la rêverie propre à l’enfance. Ces moments où rien ne se produit, où le corps est en attente, comme en suspens.