MATHÉAUD René

MATHÉAUD René

Né à Salon de Provence en 1938. Après des études à Paris, il s’est installé dans les Cévennes à Alès. Psychologue scolaire, il consacre une partie de ses loisirs à coudre, à récupérer puis transformer des déchets, à fabriquer de drôles de boîtes et d’objets qui envahissent ses deux maisons. Retraité en 1995, il se consacre entièrement à ses créations artistiques. Décédé en 2004, il laisse beaucoup d’œuvres et aussi beaucoup d’écrits. Lorsqu’elle taille le tissu, ma tante Paulette se retire. L’acte créateur s’accomplit dans le secret. L’art d’utiliser les restes. C’est le premier usage du mot art que j’ai connu. A bien y réfléchir ce qui m’obsède ce n’est pas tant le nombre des hommes que celui des choses… L’exaspération, la frénésie, le fol tourbillon créé par des milliards d’objets qui de minute en minute submergent le monde. Immenses machines grandes comme des immeubles qui crachent à un rythme frénétique des boites, des bouteilles, des images, des mots imprimés ; milliards d’objets utilisés, manipulés, brandis comme autant de trucs inutiles, encombrants dans le meilleur des cas ou plus gravement menaçants, pathogènes, mortifères… Et moi, tout nu, moi tout seul qui vit sa propre vie, unique et qui mourra de sa mort unique et qui a donc tout intérêt à les vivre ces moments sans rien qui vienne amortir sa perception, son intelligence du monde … Si je veux continuer, il me faut chasser ces images-barbe à papa qui cataplasminent l’esprit et encrassent ma vigilance. René Mathéaud Le cheminement de Mathéaud n’est fait que de biffures, ratures, griffures. Dans un monde complexe où grouillent des milliards d’anonymes le chemin à se frayer pour avoir quelque chance de parvenir à sa propre identité est sinon périlleux ou dangereux, du moins astreignant. La persévérance est de rigueur. Les barrages intempestifs sont à lever, les yeux à mettre en face des trous, les décomptes à aborder, un silence peuplé d’intelligences est à exiger. Mathéaud alimente avec tous les combustibles qui lui tombent sous la main la chaudière de sa création afin que monte la pression et que retentisse le sifflet du désir… Constant Chaminade