Vigier Catherine

Vigier Catherine

Née en 1951, vit et travaille à Soligny la Trappe, 61 « Comme mon père était militaire de carrière je suis née pendant la guerre d’Indochine et ai vécu avec ma mère et ses 2 sœurs pendant 3 ans chez ma grand-mère maternelle à Vincennes (94) jusqu’à son retour. A cet univers uniquement féminin, s’ajoutaient poésie et couture avec ma grand-mère, mobilier du grand-père défunt ébéniste et disparu tragiquement , Musique et Debussy au piano par la sœur ainée ma marraine , peinture et voyages avec la 3eme sœur .Toute une partie des ingrédients sont là pour devenir ce que je suis aujourd’hui … En 1956, nous avons rejoint mon père en Afrique, dans la brousse près de Bangui. J’y apprendrai à lire et à écrire dans une mission tenue par des sœurs à côté d’une léproserie. Manguiers, bananiers, serpents, scorpions, vol d’éphémères, jungle, tam-tam la nuit, sorcier du village, jeux dans la case de l’ordonnance de papa … Insouciance et rêverie nous vivions nos aventures aux couleurs de la latérite. Enfant pleine d’énergie je ne faisais pas la sieste et commençais déjà ces dialogues inconscients avec moi et les autres en réalisant des installations « récits de vie » sous les chaises … Mon retour en France, l’école républicaine fit de moi « l’Africaine », pointant ma différence au niveau des acquis. Aujourd’hui je revendique cette différence. Vers l’âge de 10 ans, je prends des cours de dessin, de poterie. Les rites de l’atelier me passionnent….. Je rêve de faire les Beaux-arts mais ma famille s’y opposera …Suite à des études à la Sorbonne nouvelle. J’ai fait le choix d’enseigner de 1972 à 2015. » « Je suis autodidacte et dite "artiste singulière". Je défais la vie pour mieux la refaire, comme si je déroulais un fil du temps. Je raconte avec mon souffle intérieur des histoires d'humanité reliées à la mienne, comme un enchaînement de qi gong. Ce souffle me permet de travailler comme le calligraphe, en un seul geste. J'assemble toutes sortes de matières, comme des offrandes ou des reliques, je les inclus dans mes compositions. J'invente les techniques, diversifie les supports… Je traite ce qui est vivant et palpable et ce qui ne l'est pas. Ce qui est et ce qui n'est plus. Mes personnages, leurs scénographies, leurs métissages, leur intemporalité, leur universalité, sont issus des personnages hybrides des chapiteaux romans, des fresques du moyen-âge, des retables ou de l’art populaire …. .La figure féminine y est souvent représentée comme une matrice protectrice ou un cocon. A chaque fois, comme pour une nouvelle aventure, je fabrique ou détourne mes supports, pour redonner un souffle de vie nouveau. : Dentelles, tarlatane déchirée, papier funéraire, rubans, boutons, tissus africains. De ce magma nait une histoire à l’encre de chine, hasard de la fusion de l’eau et du geste spontané. Le tout guidé par mon imaginaire… »