Gérard Sendrey fait carrière dans l’administration de sa ville natale Bordeaux puis à Bègles. Il a toujours dessiné et, à partir de 1967, décide de se consacrer quotidiennement à la création artistique. En 1980, ses oeuvres entrent dans la collection de l’Art brut de Lausanne. En 1989, soutenu par Noël Mamère, Maire de Bègles, il crée le Musée de la Création Franche, qui rassemble les propositions de créateurs ne s’inscrivant pas dans les schémas artistiques institutionnels. Artiste prolifique, Gérard Sendrey s’essaie à toutes sortes de techniques : encre de Chine, peinture, pastel et crayon, stylo bille ou calame (roseau taillé en pointe trempé dans une encre utilisée pour l’écriture). Attaché au support papier, il affectionne la création en série, déclinant les dessins comme autant de variations sur un même thème. Sendrey ne se veut ni artiste ni créateur mais se dit chercheur en art. Laissant son esprit et sa main vagabonder, il trace des formes hybrides et donne naissance à des animaux étranges et à des corps aux lignes enchevêtrées semblant ne jamais s’interrompre. Pour ses œuvres Compositions l’artiste utilise, à l’instar des Surréalistes, la technique du dessin automatique qui libère la main des injonctions de la pensée. Il part d’une large feuille blanche sur laquelle il pose de façon latérale le calame rempli d’encre de Chine noire. Puis, il ferme les yeux et appuie instinctivement afin de laisser l’encre se déverser sur la feuille. Gérard Sendrey préfère laisser la créativité de sa main innocente à la conformité de son esprit. L’expression Création Franche a été créée en 1989 par Gérard Sendrey après que le musée de Lausanne, dépositaire de la collection de Jean Dubuffet, lui interdit d’utiliser l’expression art brut. Au terme art, polysémique – ne parle-ton pas indifféremment d’arts martiaux, d’arts culinaires, d’arts ménagers, d’arts décoratifs, d’arts appliqués, d’art de vivre… il substitue celui de création, entendu comme une mise au monde, une sortie du néant ; au terme brut, il préfère celui de franc dans son acception désuète : libre, sans entrave, affranchi. La Création Franche regroupe donc des créateurs insoumis, réfractaires à toutes formes de conventions sociales et qui ne s’inscrivent pas dans les schémas institutionnels.