Né en 1953, vit et travaille à Nantes Je dessine toujours et encore, et plus particulièrement des visages, des approches de visages, des ‘’visages périphériques’’. Trait après trait, ligne après ligne, la trame s’épaissit, se constitue, par un long processus obsessionnel et répétitif. À force de patience, émergent des affleurements, une profondeur remonte à la surface : le visage apparait. Tout est là, presque dissimulé. C’est fini. Alors je retourne à mes fantômes ; je re-dessine. Ma plus grande satisfaction de peindre ou de dessiner est d’être toujours à la poursuite des possibles surprises. J’avance par fracture, par rupture, m’égare, reviens et repars, dans l’impossibilité de m’emprisonner dans un style, avec pour seule certitude que le plus malheureux n’est pas celui qui se perd dans sa passion mais celui qui la perd. Chez Bernard Briantais, il y a des dessins qui voudraient masquer la mort au travail, cacher l’indécence de la déchéance. Des visages qui n’en sont plus, des voiles de pudeur qui ne sont que la cendre de la disparition, des hurlements étouffés qui ne sont que le désespoir des oubliés. Bernard Briantais, lui on ne l’oublie pas, il continue son œuvre loin de la cohue et du bazar de l’art officiel. Il est un de ces rares artistes qui ne se soumettent pas à cette culture, elle-même soumise au politique qui l’abandonne à la finance. Il est ailleurs dans ce monde calciné, foudroyé, stupéfiant, qui le hante et qui le pousse à chercher indéfiniment la trace, le nerf, la chair de l’être, de l’autre, de celui qui chemine avec lui au bord du gouffre ( la beauté des abîmes et la lenteur enivrante de la chute). La mort tout au bout ne semble plus qu’un élément du décor, l’intrus qui se cache dans la forêt somptueuse, dans le château inépuisable de l’enfance. Minutieusement, jour après jour, il traque ce gibier de potence qui l’obsède, qui l’habite, à la fois lui et l’autre. Qu’est-il donc ! Allez vous-même le découvrir dans les méandres de ses traits. Jean Fradin, mai 2012 Bon, autant dire tout de suite qu'avec Bernard Briantais, la déjante est au rendez-vous... C'est au pluriel que l'artiste décline ici son art singulier. Pour nombre de ses œuvres, l’artiste dessine sur des vieilles cartes IGN. En suivant des routes imaginaires, son crayon trace des itinéraires improbables, mais qui, dans leurs incessants allers et retours, et sous une forme d'écriture automatique, finissent par former nez, bouches et autres paires d'oreilles. Et c'est en plein dans le buffet, qu'on prend alors son art brut. Dans certaines de ses œuvres, la multitude de têtes rassemblées fait songer aux truculences des foules d'humains de James Ensor. Intentionnellement ou non, les compositions prennent alors la forme d'une certaine satire sociale. Ou tout au moins, Bernard Briantais dote-t-il ses congénères d'un bon grain de folie. Mais une folie plutôt douce au demeurant, car le peintre semble finalement porter un regard débonnaire sur ses créatures. Ouest-France 2013