Chaizine

Chaizine

Née en 1953, vit et travaille à Saint Herblain -44- « L’art est un don de soi. Dans l’art il y a de l’obsession, de l’accumulation, de la gestation, de l’accouchement, du lien social, de la vie. Chez l’artiste il y a un trop plein qui déborde toujours. Le support et le socle nous ramènent toujours à la réalité des choses. L’artiste est à la recherche de l’impalpable mais c’est peine perdue car rien ne se tient tout seul. Je me demande si la croyance en un dieu et la recherche de quelque chose d’impalpable ce n’est pas la même chose ? L’art n’est jamais en dehors de la réalité à moins d’aller l’installer dans le cosmos et encore… Pourquoi la chaise ? Parce que c’est un support tout fait, qui a déjà une expression, qui est très conviviale et c’est aussi un objet… Je mets l’objet religieux au même niveau qu’un objet banal, cassé, c’est sa couleur et sa forme et son expression qui m’intéressent. Ce qui est paradoxal c’est que tous ces objets que je récupère dans leur majorité je les trouve moches, rococos, je ne m’en servirais surtout pas comme objets de décoration. J’essaie de faire du beau avec du laid. Les objets ne sont pas peints, c’est la couleur industrielle, la couleur du temps…C’est d’abord la couleur qui me guide et ensuite la forme et l’expression de l’objet. Je prends un réel plaisir à récupérer, à trier, démonter, ranger par couleur. Par contre ce n’est plus la même chose quand je vais pour commencer un travail : ça peut demander beaucoup de temps avant que je commence à relier les objets entre eux. Je ne sais pas pourquoi. Comme si je rentrais dans un autre monde, une solitude s’installe, parfois le doute. A ce moment-là je n’aime pas trop le regard des autres. Ce qui est difficile aussi c’est de choisir entre la solitude de l’atelier et une soirée entre amis. J’ai attendu l’âge de 50 ans pour faire ce que je suis en train de faire en ce moment. Même si je suis préoccupée par l’art depuis toujours, que je maîtrisais bien la couleur, que je ramassais déjà les objets que je rangeais par couleur dans des boites, je n’en faisais rien. Je savais qu’il fallait que je pose cet acte de faire une école d’arts plastiques. Pourquoi avoir attendu si longtemps ? Ce travail sur les objets auraient pu commencer bien avant et sans faire la fac. Avant je ne me l’autorisais pas. Est-ce que c’est parce que mon père m’a dit que ce ne sont pas les Beaux-Arts qui me donneront du travail, quand j’ai demandé à y rentrer après le lycée. On ne choisit pas d’être artiste on le devient. Ce n'est pas mon art qui m’a fait vivre, mais le travail de conductrice de bus. Pendant plusieurs années j'ai pris des photos de l'agglomération nantaise, tout en conduisant. Dans chaque chaise il y a une clé USB de la couleur des objets, cachée avec les objets sur mes chaises. Extraits d’un texte de Chaizine