Née en 1965, vit et travaille à Nozay Démarche : Empreinte de l’environnement qu’est la ruralité, la terre, ses paysages et sa population, la recherche artistique de Sofie Vinet se nourrit de la rencontre avec les gens, et s’attache à révéler au sein d’une communauté l’identité de chacun. A l’image de la terre creusée révélant les strates géologiques, elle fouille dans la mémoire intime et collective, et tente de percevoir les résistances humaines : elle brode alors la filiation, la transmission et tire le fil rouge des dits et non-dits, des cris silencieux. Sa pratique privilégie des gestes anciens : creuser la terre, récolter, trier, garder, transformer le linge, broder et coiffer. De ces gestes et attitudes autrefois nécessaires au sein de la ferme et du foyer, du modelage du paysage selon les saisons aux travaux de l’intérieur plus intimes et féminins, elle garde ce goût d’une inventive transformation des matières sobres telle l’argile, pépins et peaux de courges, vieux draps ou vêtements usagés, chiffons et cheveu et les lie au fil rouge. Les récoltes, collectes, les prélèvements, sont récurrents dans sa pratique, elle accumule et crée des inventaires. L’empreinte du temps, des cycles de vie, l’oxydation de la matière, la lenteur et la répétition du geste dans ses ouvrages font acte de présence au monde, non passéiste mais poétique et critique. Des artistes femmes ont travaillé et s’engagent encore pour que la femme ait sa juste place, de Camille Claudel à Niki de Saint Phalle, d’Annette Messager à Cindy Sherman, de la critique Barbara Kruger à celle qui tricote un art partagé Olga Boldyreff, Sofie Vinet, exprime au présent son souci d’une meilleure reconnaissance de la femme, de chacun et de tous, dans les faits infimes du quotidien. Depuis 2011, l’artiste s’engage dans un art partagé où elle vit la coiffure à contre-courant dans une démarche écologique, loin du formatage et de la soumission aux lobbys cosmétiques. Elle a transformé son atelier pour en faire un lieu de rencontre et de transformation : elle y reçoit des personnes sur rendez-vous, et leur propose, à partir d’un acte du quotidien (aller chez le coiffeur) de partager une expérience artistique. Au cours de chaque transformation (coupe, coloration végétale) elle collecte des traces de chacun et compose ses inventaires : prélèvements capillaires, jus de colorations et empreintes végétales, photographies, recueil de paroles, enregistrements de voix qui sont autant d’actions qui produisent un corpus d’œuvres en perpétuelle évolution. Dans la relation à l’Autre, et dans l’idée que l’art est un soin, sofie vinet vit sa création comme un acte citoyen, transformateur social.