1 Mail Art Art Posté Art Postal L'art postal, c'est un moyen simple et ludique de découvrir et d'explorer sa créativité. C'est créer des enveloppes originales ou réaliser des correspondances artistiques sur d'autres supports qui voyageront par la Poste. L'art postal c'est renouer avec la correspondance écrite et favoriser de véritables échanges. C'est retrouver le plaisir d'envoyer et de recevoir. L'art postal c'est tisser des liens ici et ailleurs. Créer chez soi ou en atelier, écrire à ses proches ou à des inconnus à l'autre bout de la planète Tout envoi postal peut devenir Mail Art. Suite à l’intervention de l’expéditeur, paquets, lettres, cartes postales, timbres vont subir des transformations plastiques pour devenir des outils de communication plus chaleureux. Les courriers, hors normes, sont tolérés par la Poste qui les trie et les oblitère manuellement. Tout délire pictural est vivement conseillé mais n’oublions pas que 19 millions de lettres sont transportées quotidiennement. Aussi vaut-il mieux écrire lisiblement l’adresse du destinataire et affranchir correctement l’envoi. À l’heure des technologies de pointe, les artistes modifient leur façon de communiquer. Le courrier électronique ouvre aux créateurs de nouvelles voies. On fait naître le Mail Art en 1962 avec la création par Ray Johnson de la New York Correspondance School of Art. Mais bien avant, des artistes s’étaient employés à détourner les procédés classiques de communication. Les soldats en dessinant sur les enveloppes pratiquaient sans le savoir de l’art postal, c’était pour eux un moyen d’envoyer des informations tout en évitant la censure. Dans les années 50, des artistes influencés par le dadaïsme, le futurisme et le groupe Fluxus remettent en cause les conventions et contraintes idéologiques, artistiques et politiques. Avec eux, l'art entre dans la vie quotidienne et valorise les rapports humains. Ces mouvements artistiques aimaient se moquer de la rigidité de l'institution postale.. En adressant par la poste ces « œuvres d'art », ces artistes détournent les circuits traditionnels des musées, galeries ou institutions diverses et subvertissent le fonctionnement du marché de l'art. Une exposition importante de Mail Art a été organisée à Paris, en 1989 au Musée de la Poste avec des œuvres de Ben, Alechinsky, Tinguely, Magritte, Warhol… Le support utilisé peut être une simple enveloppe, un morceau de carton, de bois, d'écorce, un disque ou une boîte d'allumettes. L'Art postal s'approprie des disciplines aussi différentes que la sculpture, la peinture, la photographie, la bande dessinée, le collage, le dessin ou la broderie. Quant aux matériaux, les artistes détournent des plumes, fleurs, coquillages, du sable, des perles et des boutons, ou tout objet de récupération. Les règles du « bien envoyé » ne sont pas toujours respectées : place du timbre, fantaisie dans les adresses (sous forme de rébus, de poèmes ...). Les attributs de La Poste : adresse -du destinataire et de l'expéditeur, timbre, oblitération participent évidemment des matériaux de l'Art postal. Les artistes puisent aussi dans le registre postal pour nourrir leur imagination et réaliser leurs compositions. Ils n'hésitent pas à jouer avec le timbre et à l'intégrer dans leur composition. L'artiste Eni Looka crée ses propres timbres, fictifs, le but étant que les guichetiers les tamponnent. Malgré cela les courriers se perdent rarement et arrivent presque toujours à destination. L'Art postal est aujourd'hui toujours en vigueur et il existe de bien nombreux réseaux d'artistes qui échangent tant dans le privé que par le biais d'invitations. 2 Mon art posté À l’âge de 48 ans, j’ai eu envie de « faire quelque chose », quelque chose qui soit de l’art, qui sorte de l’ordinaire des jours. J’avais commencé par m’intéresser à l’art singulier. Je lisais Dubuffet, je partais à la recherche de Chaissac, je visitais les artistes. On me disait : « amateur »… et puis cette envie de faire alors que le travail gagne-pain prenait le meilleur de mon temps… Pas question de me lancer dans un deuxième métier. J’ai préféré tâtonner, m’apprendre tout seul, errer, me découvrir, savoir qui j’étais quand je dessinais. J’ai écrit à des amis artistes, posant des questions, enquêtant, croyant bêtement qu’il y avait des recettes… J’accompagnais mes lettres de collages, de petits bonshommes, de figures. Je me prenais de passion pour la représentation du visage, du corps. Je me laissais venir, je me laissais naître, ne m’imposant ni censure, ni limites à mes investigations. Une correspondance illustrée m’ouvrait des horizons insoupçonnés. Parfois on me suggérait de dessiner « plus grand », sur des supports moins vulgaires, je me suis cantonné à la simple ambition de « faire quelque chose », devenant un marathonien de l’épistole, mes correspondants se multipliant… Après des années d’échanges de toutes sortes, avec toutes sortes de créateurs, le courrier reçu compose une « collection » qui contient des pièces de premier ordre, c’est ma fierté… Il arrive que mes enveloppes soient exposées et cela m’étonne… l’amateur devenu acteur à son tour, un joli tour de force ! Les œuvres exposées ici jalonnent ma route, elles témoignent de mes nombreuses amitiés. Et maintenant je glisse ce message : pourquoi pas vous ? Alain Arnéodo, dimanche 3 février 2013 3 Art Posté Art Timbré Mail art, art posté, art postal, art timbré, qu’importe l’appellation pourvu qu’il y ait des surprises dans la boîte à lettres, des surprises qui mènent au rassurant constat que d’autres terriens cultivent leur lopin de fantaisie et sont prêts à échanger leurs grains de folie. Le virus m’a été inoculé, il y a exactement trente ans, par un inconnu du Var, Pierre Marquer (disparu en 2004). Cet adepte de l’art postal m’a fourni les premières adresses intéressantes. Le pli était vite pris, le terrain était favorable, le trop plein de mes idées pouvait s’épancher à travers photos, gravures, collages, dessins et tout bricolage anobli par une adresse et un timbre-poste. Dès lors la correspondance devenait une véritable cour de récréation : rester encore enfant, jouer à sa guise, désobéir un peu et faire des pieds de nez à l’autorité en écornant les normes postales. Pourquoi, par exemple, coller un timbre en haut à droite de l’enveloppe quand une multitude de timbres, à petite valeur faciale, se prêtent comme modules pour construire une composition ? Le petit plus : le fait qu’un postier doit alors actionner une douzaine de fois le tampon oblitérateur est une modeste victoire sur la notion de rendement des entreprises comme la Poste. Il faut savoir s’affranchir du tout utile ! Au plus fort de la fréquentation, j’avais une quarantaine de correspondants surtout européens et parmi eux un lot d’Allemands de l’Est isolés et avides d’échanges. L’Australie fournissait un poète du dimanche, les USA se démarquaient par des cassettes d’un trompettiste. J’étais obligée de prendre des leçons particulières d’anglais afin de pouvoir répondre également à un étudiant à Newcastle, David Bell, qui avait baptisé notre échange joliment « eat art ». Pendant dix ans nous avons inventé des gourmandises postalo-végétariennes. D’autres contacts épistolaires durent depuis bien plus longtemps dont un des plus chaleureux est celui avec Michel Julliard, le gourou de l’art postal ; il est aussi doué en tant que plasticien qu’en ami. Dans mes boîtes à trésors timbrés palpitent également les créations étranges de Giorgio Bellocchi et les bricolages enjoués de Marielle Conte. Avec ces deux fanas bien timbrés ont fonctionné des envois relais aux résultats loufoques. Il y a aussi les vrais faux timbres de Looka qui nous a fait la démonstration comment denter les vignettes une à une avec une grosse paire de ciseaux ; miracle, ses miniatures passent comme des lettres à la poste. Je regrette beaucoup le merveilleux graphiste André Roussey, décédé l’année dernière. Enfin, pour montrer ces merveilles postées, j’ai organisé moult expositions tout en participant à de nombreuses actions initiées en France et ailleurs (les plus beaux catalogues sont italiens !). Faut-il ajouter que je fais plaisir même aux non-initiés avec des lettres décorées, soit pour leur souhaiter une fête soit pour leur remonter le moral si nécessaire ? Faut-il avouer que je trouve très bizarre d’être amenée à poster une lettre sans ma touche personnelle ? Après quelques animations dans les écoles, la vétérane s’amuse maintenant à échanger de vraies lettres avec une classe d’école maternelle, les loulous de Fabienne dans l’Eure-et-Loir. La relève se prépare ! GEHA, février 2013 Pendant cette expo 13 au hang-art, dans les cabanes 1 et 2, vous pourrez voir des travaux de : Pierre ALBASSER, Alain ARNÉODO, Jean-Michel CHESNÉ, Marielle CONTE, Éric COUGELIN, GEHA, GIORGIO, Claudine GOUX, Michel JULLIARD, Gilles MANERO, MARIETTE, Marc PESSIN, Jean-François RIEUX, André ROUSSAY, Fabienne RUAULT-LICHET.