« Je suis né en 1953 à Nantes. J’ai passé mon enfance et mon adolescence à dessiner, tout en rêvant de devenir clown, curé ou peintre. J’ai appris le dessin en autodidacte pendant les grandes vacances, en croquant les petits vieux au jardin des plantes ou en suivant les enterrements des petites gens. J’ai arrêté mes études suite à des problèmes familiaux et fait des petits boulots, avant d’entreprendre une formation de peintre en bâtiment. Ouvrier puis artisan pendant une trentaine d’années, ce qui me permet de revendiquer le titre de champion du monochrome blanc ! Parallèlement, je pratiquais l’autre peinture et j’ai exposé régulièrement à la Galerie Fradin. Retraité depuis 2014 et fort heureux de l’être, je rejoins les singuliers de l’art après de belles rencontres. Je déclare ne pas souhaiter guérir de mon addiction pour la peinture, je persiste et signe. » Sa passion du dessin se mêle à son insatiable exploration de nous- mêmes « pauvres humains ». C’est à travers une forme d’écriture automatique sans garde-fou, qu’il révèle nos rêves les plus démesurés, nos angoisses les plus délirantes, transfigure nos destins les plus obscurs en tragi-comédie, nos férocités en cocasseries. Ses dessins font surgir des personnages, proches de nous, cabossés par la vie, mais à travers des scènes si drolatiques et d’une telle puissance dionysiaque qu’on ne peut plus les oublier. Rabelais n’est pas loin, Les Pieds Nickelés non plus. Bosch, Bruegel, Ensor, Goya restent pour Bernard Briantais les maitres tant admirés pour leur capacité à peindre de façon si crue et avec autant de magnificence, leurs contemporains. Il n’oublie pas bien sûr, l’art populaire roman et actuel. Mais c’est son œil aiguisé depuis tout jeune (il prenait plaisir à croquer les enterrements et les petites gens dans les squares) qui l’incite à faire surgir à travers des matériaux pauvres (cartes, ardoises, cagettes en bois) tout un peuple de personnages hommes ensauvagés, animaux humanisés, dans une exubérance aussi joyeuse que dramatique tels de séditieux charivaris, de subversifs carnavals, si chers à ses yeux. Pascale Hullein Lorsque j’ai découvert les figures en volume de Bernard Briantais, j’ai compris qu’il avait trouvé là le plus juste de son expression. Boîtes habitées, cageots, caisses, cadres de scène, castelets, théâtres de la vie : nous y sommes, nous sommes dans cette réalité de bric et de broc, ce bricolage de nos vies et des vies que nous côtoyons parfois sans les voir, cette récupération de tout et de n’importe quoi, du magistral et du minimal, du grandiose et de l’infime, du supraordinaire et de l’infraordinaire, pépites et déchets, richesse et pauvreté. Parce que nous sommes tous, entre nos ombres et nos lumières, monstres et animaux, et démunis et risibles, mais si fragiles, mais si bancals, mais si touchants, mais si délicats. B. Bretonnière, nov 2018