Née en 1949, vit et travaille à Lyon « Je suis à la fois peintre et écrivain. Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours peint. Enfant, je croyais que tout le monde peignait, mais, refusant de suivre le chemin emprunté par ma mère et ma sœur aînée, je rêvais d'être écrivain. Plus tard, j'ai travaillé pour le théâtre : scénographies, marionnettes, objets scéniques, livres animés, automates et autres excentricités. Depuis 1981, je suis définitivement tombée dans la peinture. On n'échappe pas à son destin ! » « Je peins égoïstement, pour moi. Je veux poser sur la toile ou le papier des sensations, impressions, émotions, par essence instantanées et volatiles. Retenir l’instant, la fragilité de l’instant. Mettre le doigt sur la blessure, la faille, la peur du noir. Transcrire l’absurdité des choses, l’incontournable solitude comme le bonheur inespéré de la rencontre, le désarroi, l’éphémère, l’humain, en somme ! Évoquer l’autre, celui qui me regarde et qui fait que j’existe… et m’exposer. » « Peindre est une nécessité intérieure. Quelque chose qui vous pousse, une faim inextinguible ou un état de manque. L’œuvre à peine terminée, il faut reprendre le travail. L’œuvre est détachée de vous sitôt après avoir reçu la dernière touche. Elle ne vous appartient plus, elle vit sa vie. Lorsque je m’attaque à une œuvre nouvelle, c’est toujours le sujet qui me mène. Parmi les centaines de croquis que j’accumule jour après jour, je choisis celui qui me touche tout spécialement sur l’instant. Mes croquis sont des esquisses rapides, souvent juste un mouvement « attrapé » au vol et posé sur le papier en quelques traits. Il exprime une émotion, un sentiment, une sensation, un instant de vie volée au quotidien. C’est ce que je cherche à partager par mes œuvres. Après avoir succinctement placé ma composition sur la toile, je lâche pinceaux et brosses pour ne plus utiliser que le couteau, quels que soient les détails que je dois réaliser pour la bonne compréhension de l’œuvre… » Familières surréalités Le rapport qu’entretient Chantal Roux avec les mouvements des gens, des animaux, des objets du quotidien est de l’ordre de l’immersion rêveuse, de l’attention à la fois flottante et acérée, de l’étrangeté de proximité. Il y a dans ses écrits comme dans sa peinture une dimension « fantastique » d’autant plus forte qu’elle reste humble, non spectaculaire et à peine suggérée, d’autant plus dense que cette surréalité se nourrit du contact étroit avec la réalité. Ce sentiment global, immédiat, bienveillant, non analytique des êtres et des choses de la vie est une pâte qui se fait peinture. Il n’est pas l’objet de la peinture : il est sa matière même. C’est une peinture qui ne raconte pas, ne décrit pas, ne s’éloigne jamais d’elle-même pour rester toujours dans l’intimité sensible d’un vécu comme mystère permanent. Une peinture figurative certes, mais venue de l’intérieur du regard pour mieux aller au-delà de lui, transcender la représentation, s’épanouir en région de douce poésie, questionner silencieusement sa propre présence au monde. Pierre Souchaud Artension