En intrus d'honneur avec 3 oeuvres Né Robert Ropars à Brest, élevé par sa mère dans le quartier de Recouvrance, c’est dans cette ville qu’il commence à dessiner et à peindre. Après la guerre pendant laquelle sa famille se réfugie à la campagne, il se forme à l’aquarelle, en copiant des cartes postales, des reproductions dans des revues, puis s’exerce au paysage sur nature. Après le baccalauréat au Lycée technique de Brest, il entre à la Poste, ce qui lui permet de « monter à Paris » en 1956. Certaines de ses toiles seront peintes sur des sacs postaux. A Paris, il découvre les grands mouvements picturaux. Il s’astreint d’abord à la rigueur de compositions géométriques, se lie d’amitié et travaille avec le groupe de peintres espagnols « Equipo 57 » Mobilisé pendant la Guerre d’Algérie, son pacifisme le conduira en prison militaire pendant quelques semaines. Vers 1962, il se tourne vers une abstraction plus gestuelle. Il milite alors dans des organisations comme le Mouvement de la paix. Plus tard, il se rapproche de militants aux positions plus radicales comme ceux du Comité Vietnam puis de la Gauche Prolétarienne. Il s’engage donc politiquement et abandonne les recherches purement formelles pour explorer d’autres voies, en utilisant par exemple des radiographies du corps humain pour peindre la douleur, la vieillesse, la mort . En 1968, il participe aux « Ateliers populaires » de l’Ecole des beaux-arts de Paris et contribue à l’édition des affiches et publie aussi des caricatures dans « La Cause du peuple ». Présent dans de nombreuses expositions, son succès se concrétise par l’achat de toiles par l’Etat, pour le FNAC (fonds national d'art contemporain). Il s’installe à Nantes en 1970, et y poursuit son œuvre militante, dénonçant l’injustice et l’oppression. C’est l’époque de l’art engagé. Efficace, sa peinture reste très proche de la sérigraphie et de l’affiche (« Plutôt mourir debout que vivre à genoux », « Durruti », « Lumumba »…) La force expressive de sa peinture d’alors inquiète, dérange. Il s’écarte de plus en plus des recherches avant-gardistes pour produire une peinture sombre, douloureuse, violente. Son œuvre s’inscrit alors dans la peinture des peintres « à part », qu’on ne peut rattacher à aucun mouvement, ni courant contemporain (tels Francis Bacon et Lucian Freud). Ses tableaux ont raconté Hiroshima, l’Holocauste ou stigmatisé les notables. Avec le temps, son univers deviendra plus intime, teinté de l’angoisse de la mort. Hospitalisé, il décède le 10 mars 2014. Il vivait à Sainte-Luce-sur-Loire depuis 1973. Yvan Ropars se définit lui-même comme un anti-peintre. Que veut-il nous dire ? Que l’acte de peindre pour lui ne relève pas de la décoration, du désir de suivre une mode ou de plaire au public mais d’un besoin profond d’une confrontation avec lui-même. Doué d’une nature sensible, attentif aux problèmes de ses contemporains, il incarne l’angoisse même de l’homme face aux forces qui l’écrasent. Aussi, durant ces cinquante années de carrière, il produira des œuvres imprégnées de ce sens dramatique, inséparable du thème choisi : la torture, la souffrance, le racisme, les corps mutilés des morts d’Hiroshima ayant perdu toute identité, ou alors des personnages ayant eu un destin hors du commun tels le Christ ou Che Guevara. La peinture militante de ses débuts est devenue avec le temps une thérapie, pour permettre à l’artiste de se libérer de ses angoisses…La peinture d’Yvan Ropars s’inscrit dans l’histoire de l’art et l’histoire tout court puisqu’elle avant tout un message pour l’homme. Usine, Loire et témoin. 1981