Thomas Fabrice

Thomas Fabrice

Né à Brest en 1975 Vit à Locmiquélic (56) et travaille actuellement à Lorient « Mon travail découle d’une énorme curiosité à l’égard des images. Toutes les images. Et notre société d’aujourd’hui fournit à mon insatiable appétit un festin gargantuesque… Ce sont les images qui nous entourent sans que nous ne puissions rien y faire : publicité envahissante dans la rue, jusque faire déborder nos boîtes à lettres, flux ininterrompu et avilissant de la télévision, devantures des magasins, promotions des grandes surfaces, magazines, tracts journaux, internet, etc. Dans ce brouhaha dissonant, il peut sembler étrange que quelques-uns ne se satisfassent pas encore de cette opulence… Je fais, sans doute, parti de ceux-là, traquant avec nostalgie le vieux magazine, dénichant le morceau de papier peint défraîchi arraché dans une maison abandonnée, gardant tel un trésor le fragment mis en boule qu’un autre aura jeté… Cette recherche d’image est une part importante de mon travail. Je n’invente pas : j’assemble, je combine, je goupille, je coordonne… Le sens vient petit à petit, les histoires se fomentent au fur et à mesure des associations d’idées… Si j’aime fouiner ainsi les illustrations d’antan, je me sens aussi très à l’écoute des tendances actuelles du graphisme, de la mode et de la publicité… La typographie (logos de marque, graffiti, tags, bandes dessinées…) reste de surcroît essentielle dans mon travail et toujours présente. Aussi me plaît-il d’ajouter de ci de là lettrages et chiffres, non pas seulement pour le sens qu’ils peuvent produire, mais en les traitant comme motifs à part entière. Ils acquièrent de la sorte une valeur identique à celle produite par les différents ornements récoltés au hasard de mes chines. Mon travail reste décoratif. Il semble peu étrange que ce trait de ma peinture me vienne tout droit de mon enfance : j’ai en effet grandi dans une boutique de tissus et je me souviens de longs moments passés à zieuter les pans de toiles fleuries, damassées ou écossaises… Ce que je cherche avant tout dans ma peinture c’est la confrontation de tous ces éléments, la rencontre, là où on ne l’attend pas, de détails incongrus, absurdes ou saugrenus, la représentation amusante de notre société multi face. Le point déclencheur d’un nouveau travail reste toujours l’humain et c’est son histoire qui se brode en filigrane, avec humour et gaieté. Un regard posé sur notre monde et ses paradoxes, cherchant l’harmonie dans une certaine « nostalgie moderne ». Fabrice Thomas « C’est un faux collagiste. De loin, on jurerait qu’étiquettes et photos sont venues se poser dans un grand vent. De près, on découvre la minutieuse technique qui reproduit logos, typos, photos… Fan de graphisme, Fabrice Thomas travaille au pinceau fin pour balader ceux qui regardent ses toiles, souvent des grands formats, où les esthétiques se battent pour former un tout irrésistible. Bretonnes à la pose figée, tatouées de typos à l’américaine, beautés rétro en médaillon, stratifiées avec des motifs en papier peint ou des étiquettes de fruits… Le résultat est toujours hypercoloré : « J’utilise toute la palette des couleurs », dit-il. Résultat ultra-esthétique, moderne, impertinent, un clin d’œil à nos références et aux siennes ! Ainsi retrouve-t-on régulièrement, comme des gimmicks, un pacman rose, des interjections façon comics « qui cassent le sérieux des motifs », des morceaux de dentelle, des motifs de tapisserie, souvenirs du magasin de tissus que tenaient ses parents. Autour de ces collages qui n’en sont pas, le sens se fait par petites historiettes, comme un mélo un peu kitsch, une romance, des histoires hommes-femmes de séduction… Isabelle Nivet