Emmanuelle Guérin

Emmanuelle Guérin

Née en 1978, vit et travaille à Saffré 44. « Originaire de Saffré, les chemins de campagne et les horizons ouverts ont profondément marqué ma sensibilité. Mon parcours professionnel est tissé d’expériences multiples, aussi variées que complémentaires. Il s’étend du secteur culturel, avec une expérience significative dans la production et la diffusion de spectacles destinés au jeune public, à la vente spécialisée dans les loisirs créatifs et les beaux-arts. Plus récemment, j’ai développé et animé des contenus numériques et interactifs, explorant les possibilités offertes par le multimédia. De retour à Saffré depuis cinq ans, je me suis tout naturellement inscrite à l’Atelier de Poche, atelier d’arts plastiques de la commune, au sein duquel j’ai entamé un premier travail sur le portrait symbolique après le décès de ma grand-mère en 2024. Comme une étoffe dont chaque fil serait chargé de souvenirs, j’ai choisi la blouse de Marcelle — ma grand-mère —, celle qu’elle revêtait chaque jour, costume silencieux des femmes de nos campagnes. À cette blouse, elle suspendait invariablement une épingle à nourrice : broche discrète des matins ordinaires, toujours prête à consoler la blessure d’un tissu ou à remplacer un bouton égaré, humble complice de tous les gestes de la vie simple. Pour cette exposition au Hang-Art, j’ai poursuivi le jeu des retrouvailles avec Marcelle, la laissant, dans mon imaginaire, s’aventurer au gré des paysages saffréens, tantôt réels, tantôt imaginaires. Ces images figurent parmi les derniers souvenirs que je conserve d’elle : je revois sa silhouette arpenter les routes et les chemins de notre village, créant, malgré moi, un travail intime sur la mémoire et le territoire. Pour ce travail, j’ai repris une technique testée en 2023 pour le projet La Rue, mené dans le cadre de l’Atelier de Poche : la gravure sur Tetra Pak® (intérieur des briques de lait ou de jus de fruits), où l’ordinaire se mue en empreinte poétique. » Les promenades de ma grand-mère dans la campagne : Le travail d’Emmanuelle Guérin, à travers ces gravures sur tetrapak, révèle une approche intime et poétique du paysage rural, empreinte de mémoire et de tendresse. Utilisant une technique d’impression accessible mais riche en expression, elle compose des scènes épurées, presque silencieuses, où chaque ligne semble porter une charge émotionnelle discrète mais profonde. Au cœur de ces compositions, une figure récurrente attire immédiatement l’attention : celle de sa grand-mère, représentée de dos, en marche, découpée et appliquée en surimpression. Ce choix visuel fort confère au personnage une présence tangible, presque sculpturale, qui contraste subtilement avec la délicatesse du décor gravé. La grand-mère devient alors le fil conducteur d’un récit intime, un personnage-passeur entre les lieux, le passé et le présent. Elle chemine à travers des chemins de terre, des champs, et un village aux traits simples mais évocateurs — autant de paysages familiers qui prennent ici une dimension symbolique, presque universelle. Son avancée lente et déterminée semble porter la mémoire des générations et la continuité des liens familiaux. Emmanuelle Guérin signe ici une œuvre profondément touchante, qui parle du temps qui passe, des racines, et de l’humanité des petites choses. Un hommage pudique et sincère à sa grand-mère, mais aussi à tous les paysages intérieurs que l’on porte en soi. IA à partir de 3 photos