Krynicki Karine

Krynicki Karine

Née en 1970, vit et travaille à Rennes 35 « Sculptrice, autodidacte, je suis installée à Rennes depuis cinq ans maintenant. C'est un retour en Bretagne pour moi, je suis née à Lorient. J'ai été enseignante pendant près de quinze ans, dans les écoles puis auprès d'un public d'adolescents décrocheurs, marginalisés par un parcours scolaire chaotique. Je crois que cette dernière expérience, avec le recul, n'est pas étrangère à ma création aujourd'hui. Ces jeunes m'ont beaucoup appris sur l'âme humaine, sur les mécanismes de survie que chacun peut mettre en place lorsque la souffrance est trop forte, sur la résilience aussi. Un changement de vie, de région, une mise en disponibilité faute de mutation, ont fait que je me suis retrouvée tout à coup à avoir du temps, de l'espace aussi. Je me suis mise à créer. De façon boulimique, comme si ça avait toujours été là. Je récupérais tout un tas de vieux objets, de la ferraille surtout. J'ai appris à souder et je me suis amusée à détourner les objets, à transformer la matière pour raconter d'autres histoires, me raconter un peu aussi. C'était il y a bientôt 13 ans maintenant. A l’époque, je ne songeais pas à exposer. C'était comme répondre à un besoin profond qui n'avait pas eu d'écho jusque-là. Même si l’art, en y repensant, m’a toujours accompagné enfant et adolescente dans mes lectures des livres d’art, dans la pratique du dessin, de la peinture, du bricolage divers avec tout ce qui me tombait sous la main, puis avec mes élèves bien sûr où la classe devenait souvent un véritable espace d’installation ou d’exposition artistique. Après avoir beaucoup travaillé le métal, je lui ai associé de plus en plus d'autres matériaux, le bois bien sûr, bel allié, mais aussi, et surtout, le papier qui m'a permis très vite d'aller plus loin dans la mise en forme. Je le modèle patiemment couche après couche, pour mettre au monde un visage un corps comme je pourrais le faire du malaxage de la terre. Mon travail s'est affiné. La couleur est apparue petit à petit et paradoxalement une plus grande gravité aussi. De nouvelles émotions sont venues m'animer et habiter mes sculptures. Les oeuvres ont pris une nouvelle dimension, un peu moins ludique, plus sensible, plus personnelle, dans une recherche constante de l'expression de l'humain et de sa condition sans concession. Qu’elles prennent la forme de créatures hybrides, de personnages ou d’animaux anthropomorphes, mes pièces interrogent au fond toujours l'humain, dans sa complexité, ses doutes, ses contradictions, son rapport au monde, sa part d'animalité et en miroir, elles reflètent nos fragilités, nos émotions, brutes ou douces. Quant à mon inspiration, je crée avec ce que je suis, ce que je vis, mes rencontres, mes états d'âme, mon propre rapport au réel, mes questionnements et positionnements sur notre société. Mais ce n'est pas à moi de définir mes pièces, elles sont là parce qu'elles devaient «sortir» presque malgré moi, j'ai l'impression de ne pas tout contrôler. Ce qui me semble important, c'est l'accueil qu'elles reçoivent, le regard qu'on leur porte, l'émotion qu'elles font surgir, la poésie qu'on peut y voir ou les réactions vives qu'elles peuvent provoquer. L'artiste, il crée, c'est tout. Quand la pièce est finie, il a tout dit. Elle ne lui appartient déjà plus. »