Nés en 1960 et 1968, à Paris. Vivent et travaillent dans le Cantal. Surprise, c’est bien du bois, et non pas du métal rouillé. Osmose avec le milieu ambiant pour ce couple établi au milieu des pierres volcaniques, à l’ombre des croix et calvaires noirs qui jalonnent la région d’Auvergne où ils sont implantés. Chaque sculpture semble avoir été arrachée à un bas-relief érodé d’une église romane. Le mimétisme est d’autant plus grand, que les Staëlens se disent sombres, austères, fermés comme imprégnés de cette rude contrée … Rien d’étonnant, à ce que leurs premières œuvres aient été ramassées sur elles-mêmes, à l’instar des statuettes primitives porteuses de charges magiques dont la puissance a généré une fascination qui a traversé les âges… Jeanine Rivais Autodidactes, ces parisiens ont travaillé dans les média et la télévision. Ils ont ressenti l’appel de la campagne et abandonnent tout pour s’installer dans un hameau quasi désertique du Cantal. Ils travaillent en couple, à partir de récupération de bois et d’objets métalliques pour créer masques, poupées, figurines, à la recherche d’un primitivisme contemporain. Le plus étonnant est l’utilisation de roches volcaniques broyées, mélangées à des pigments et à de la peinture pour recouvrir les matériaux en un drapé final, le résultat est très étonnant, ils ont trouvé leur propre technique et une écriture très originale… Luis Marcel G. et S. Staëlens travaillent à quatre mains, en osmose parfaite, cas rarissime dans l’histoire de l’art. Leurs bas-reliefs et fétiches à clous, où le bois sauvage prend l’allure de métal rouillé, grâce à un savant sablage, sont un exercice d’exorcisme par lequel, ensemble, ils donnent corps aux diverses entités mentales qui nous stimulent ou nous tourmentent. Prenant un tour moral, presque militant, leur inspiration témoigne de la complexité de l’être et de la précarité humaine contre la platitude glacée de la culture industrielle. Pour eux, le fil de fer souple et solide, symbolise l’attachement, le barbelé et les clous la souffrance et l’horreur humaine, les branches droites, elles, représentent la discipline, la rigueur, le contrôle de l’esprit. Sans doute est-ce ce mode organique de symbolisation qui donne à ce faux art primitif plus vrai que le vrai sa force d’objet chargé d’une anthropologie imaginaire. Laurent Danchin