NICOLAS Bernard

NICOLAS Bernard

Né en 1953, vit et travaille à Nantes Études au lycée Clémenceau, options art. Beaux-arts à Nantes avant d’intégrer l’école normale. 10 ans enseignant. En 1983, il quitte l’éducation nationale pour devenir éducateur au ministère de la justice. Il encadre alors des jeunes en grande difficulté. Il participe à la création d’une entreprise d’insertion avec des projets innovants : créations de jardins, voyages à l’étranger. En 2007, il quitte son travail pour exercer une activité de créations à temps plein : dessins, peintures et depuis 2009, surtout des sculptures qui marient métal et céramique. Les personnages sculptés par Bernard Nicolas sont de grands brûlés, des égarés, revenus ivres et poussiéreux d’on ne sait quel voyage exorbitant. Ce sont des êtres à bout de souffle, au bout du rouleau, mais vivants pourtant, jusqu’au bout des ongles, humains jusqu’au bout de l’humain. Pour Bernard Nicolas, la vérité des corps n’est pas dans les clichés apaisants qui montrent des postures rassurantes, ni dans les contours précis ou l’enveloppe bien nette d’un organisme dominé par l’esprit ; elle est dans l’emportement, dans le débordement, dans l’exagération des postures et dans la dramatisation des attitudes. Il surprend ses personnages en plein déséquilibre, au bord de la rupture, au seuil de la déraison… Il les saisit à vif, à l’instant où leur vie bascule… On pourrait parler de corps dramatisés… Du corps pourtant, Bernard Nicolas ne garde que l’armature, carcasse de métal cabossé, tiges de fer rouillé ou bidons écrasés. Il en fait disparaître la chair pour mieux dégager la puissance des affects, libérer la part de vérité de l’être qu’il supporte. La bouche et les mains, les mains surtout constituent les points de concentration de cette énergie. De leurs paumes brûlantes, à tout moment peut surgir la parole… Si l’œuvre peut sembler violente, ce n’est pas que la vie soit violence ou brutalité, ni que la représentation soit nécessairement violence. Elle résulte simplement du travail de l’artiste, assemblant, rivant, cloutant, passant à l’épreuve du feu la matière qui se tord et résiste… La sculpture de Bernard Nicolas n’est pas faite de passions tristes, elle est l’expression de la vie, à la fois tragique et dérisoire, elle est peut-être aussi l’ultime et tonitruant éclat de rire des hommes face à l’absurdité. Extraits d’un texte de Jean-Luc Bourgoin de 2013