12 - François Chauvet

12 - François Chauvet

Né en 1944, vit et travaille à Saffré, 44 Enseignant pendant 18 ans. Puis 24 ans auteur, décorateur, metteur en scène, comédien en tournée sur toute la France. 9 créations pour le jeune public dont la plupart tournait autour des arts plastiques. Pendant tout ce temps, François Chauvet a travaillé en parallèle dans son atelier, accumulant des réalisations plastiques. A ouvert à l’automne 2007 le Hang-art : un espace d’exposition, en milieu rural, dédié à l’art singulier. « François Chauvet vous pouvez le rencontrer sur le chemin, l’œil brillant, courbé comme un glaneur, s’arrêtant à chaque pas, s’émerveillant de toute chose, ramassant brindilles tordues et racines séchées, cailloux divers, morceaux de briques ou de tuiles dans le but d’alimenter le stock de ses créations futures… Tous ces riens, ces objets sans valeur, promis à l’oubli, à la désagrégation poussiéreuse ou à la pourriture sans cette rencontre inespérée, deviendront par transfiguration une chair nouvelle capable de reconstruire un monde à la destinée moins vaine ». Texte écrit par Rémy Le Guillerm en 1996. Sitôt franchi le seuil du Hang-Art, transformé en atelier pour l’été, me voici happé, submergé par l'univers qui s'offre à mes yeux : une marée infinie de sculptures, de toiles me saute au visage : éparpillés à nos pieds, largués en éventails sur les tables, épinglés aux cimaises, empilés sur les étagères, adossés par grappes contre les murs, des milliers de visages et de petits corps me dépouillent instantanément de toute politesse apprise... Me voilà brutalement dénudé, dé-civilisé au sens le plus immédiat du terme. Moi qui n'ai rien d'un spécialiste de la création parallèle, et en dépit de mes précédents passages au Hang-Art, je ressens pour la première fois de manière quasiment épidermique la portée d'un langage plastique capable de suggérer l'inexprimable, d'affranchir l'étranger que je suis du poids de son mental ordinaire pour lui montrer le chemin de ses univers enfouis… Les amis de François, autrefois, m'avaient dit l'homme modeste, exigeant, diablement efficace... Et je le savais effectivement fécond; je le découvre prolifique, aux commandes d'une création protéiforme, faisant son miel du moindre matériau offert par la nature ou l'environnement quotidien pour opérer un détournement perpétuel du sensible. Précisons qu'une gestuelle à la fois rustique et toujours renouvelée sous-tend un pareil langage : travail de petite main, d'artisan, de laboureur. Ici, point de mécanismes savants, point de discours ni de messages subliminaux à démêler, mais des cohortes de petits êtres anonymes, des essaims de visages pâles tout ébahis de leur propre candeur, comme collés à la vitre du Réel afin de questionner nos humanités de passage; tous nés d'une longue patience, de gestes infiniment recommencés, diversifiés, confrontés, superposés. D'une longue tâche évoquant presque l'exigence et l'intensité d'une mission… Ne comptons pas, sur leur géniteur - disert mais non bavard - pour nous fournir les clés de portes sans serrures... Questionnons-nous plutôt sur le foisonnement si caractéristique de la plupart des langages de la création hors norme. Et, toute logique mise en berne, accueillons avec gratitude la galaxie entière des candides, des rêveurs, des paumés, des goguenards, des hagards, des porteurs de fêlures sans autre normalité que leur appartenance au monde des marges. Sautons dans l'arche, mettons le cap sur l'Imaginaire et retournons aux sources, là où tout, simplement, fait signe. Guy Bugeau, septembre 2014