SMOLEC Michel

SMOLEC Michel

Né en 1945, à 14 ans travaille dans les mines puis dans le bâtiment en Alsace et banlieue parisienne. Retraité, vit maintenant à Courson les Carrières 89. Les portraits présentés par cet artiste, inquiète d’abord notre regard. Nous nous frottons les yeux comme si nous accommodions mal. En effet, nous distinguons non pas un visage mais deux, en train de se superposer sur notre rétine. Il y a un phénomène de dédoublement. Nous avons même sur certaines œuvres, l’impression de chevauchement d’une image quadruple. Nous restons un moment en attente, espérant que notre vision va se stabiliser. Et puis non, toujours ce regard qui va et vient sans pouvoir se fixer sur une image définitive. Alors, il faut se rendre à l’évidence, nous n’avons pas affaire à un quelconque trouble optique, mais tout simplement à la projection d’un monde intérieur ; à une création spontanée, une pulsion irrépressible, qui amène l’artiste à s’exprimer de cette manière…. Ses sculptures en terre cuite sont bien plus reposantes, bien enracinées, avec des assises solides, très souvent humoristiques ; et présentent une autre facette de la créativité de cet artiste. Il est toujours curieux de voir comment des supports ou des modes d’expression changent de façon conséquente le langage d’un artiste ; montrant comme dans le cas présent deux aspects tout à fait différents de sa personnalité : en effet, dans le dessin, il laisse aller son inconscient sans retenue ; sa main inscrivant sur le papier en toute liberté, tandis que dans la sculpture, il en va tout autrement : le contact avec la terre le ramène à une matérialité évidente, une réalité et des contraintes certaines… Jean-Claude Caire, 2003 Et puis, de citadins dansant à corps perdu de dancings en guinguettes, les personnages de Michel Smolec sont devenus campagnards. Oisifs. Libres. Emergeant du "Jardin d'Eden", ils se retrouvent explorant des parcs où, mine de rien, les sculptures ont des petits airs tellement familiers !!! Les voilà jouant de la guitare sur une paisible rivière, bronzant dans une prairie au pied de quelque château… Finalement, s'il est vrai qu'une peinture narrative accueille un temps, une histoire dans son espace, dans ses deux dimensions, alors, celle de Michel Smolec l'est résolument, où les scènes endiablées sont devenues immobiles ; où des tête-à-tête se prolongent, calmes, quasi-figés dans de belles ordonnances, presque réalistes ; où de gentilles amours se déroulent autour d'une fontaine, prolongeant l'érotisme récurrent des œuvres précédentes.… Serait-ce alors, après tant de frénésie, une sorte de repos du guerrier ? Une seule certitude : cet artiste par surprise est devenu au fil des années, un véritable créateur “populaire”, développant une originalité qui fait fi de la perspective, des proportions, des règles traditionnelles de la peinture ; l'auteur de créations qui continuent d'entraîner le spectateur dans des implications variées, incroyablement humoristiques et jubilatoires. Jeanine RIVAIS 2019