Judith Farro fait voyager son art en Europe et outre Atlantique. Dans son atelier, crayons et pinceaux font vivre la toile au gré des inspirations. Portrait « Je suis assez discrète. » Judith Farro parle rarement de son travail. Elle vit à Hennebont depuis trente-deux ans, mais n'est pas une sédentaire. Née en Turquie, Judith a vécu pendant vingt ans en Israël. « J'étais assistante d'un sculpteur, raconte-t-elle. J'ai ensuite décidé d'intégrer l'école des Beaux-Arts de Paris. » Diplômée en 1975 et 1976, elle enseigne pendant trois ans à Ivry-sur-Seine, en région parisienne. « Ce n'est pas ce que je voulais faire. Je préférais me consacrer à l'aspect création. » Avoir un atelier à Paris et y vivre de son art n'est pas simple. « Mon mari est originaire d'Hennebont. On s'y est donc installé, dans l'ancienne menuiserie de son grand-père. » Dans son atelier de la rue Le Saec, elle fait vibrer les couleurs. « La lumière bretonne est fascinante, bleue ou grise, elle est toujours intense. Mes œuvres ne sont pas les mêmes quand je peins ici ou à l'étranger. » L'inspiration à Hennebont « Je me sens bien dans cette ville. Je ne m'y sens pas déracinée, ajoute-t-elle. Si ma famille vit en Israël, j'ai construit la mienne ici. » Mère de deux enfants, l'artiste a trouvé à Hennebont l'inspiration. Et les contacts. Elle a exposé pour l'Art dans les chapelles ainsi qu'à la Passerelle, à Brest. « On m'a toujours sollicité, remarque Judith. J'aime réfléchir à l'architecture des lieux où j'expose. » Pour son exposition à l'école de musique, elle a ainsi utilisé des partitions. Paris, Berlin et Amsterdam, la Suisse et les États-Unis ont aussi accueilli ses œuvres. « La peinture, c'est mon métier. » Mais difficile de qualifier son art. « Je fais aussi bien dans l'abstraction que dans le figuratif. Il n'y a pas de barrière entre les deux. » Elle couche sur toile ou sur papier chiffon ses thèmes de prédilection : le couple, la musique, les oiseaux... Ses références ? Ucello, Piero della Francesca et Rembrandt mais aussi Cobra, Picasso et Matisse. « Aucun artiste ne peut dire qu'il n'est pas inspiré. On est un maillon d'une chaîne. » Dans sa jeunesse, Judith avait toujours un petit carnet à dessin dans sa poche. « Aujourd'hui, j'ai de grandes feuilles pour m'exprimer. » Nicolas BLANDIN, Ouest France 21 12 2011 Hennebont « Comprendre les choses au fur et à mesure du travail et les "mettre" dans la toile, sans qu' il soit toujours nécessaire de les "dire". Musées, expositions, nature, livres, voyages... et le retour à l'atelier pour travailler avec un nouveau regard. Revenir sur les sujets d'une manière différente, choisir une technique et en garder la spécificité tout en restant "soi". Salir, coller, dominer les blancs, les chercher comme une couleur... l'importance du dessin même dans une peinture dite abstraite... Parfois les "choses" viennent assez rapidement, parfois elles sont longues à trouver. Chercher, peiner, douter, s'étonner... et le sentiment de n'avoir rien fait encore... » Judith Farro