« Je suis née le 23 Janvier 1950, dans la ferme de mes grands-parents dans le Perche. De cette période, de 0 à 6 ans, je me souviens du cerisier en fleurs dans le jardin, planté le jour de ma naissance, de la mare aux grenouilles, des histoires féeriques que me racontait ma mère, de mes explorations dans les prés et les bois et de mon plaisir infini à me rendre au marché dans la carriole tirée par notre petit cheval Bijou. De ma vie en ville avec mes parents, je me souviens du jardin en fleurs, de quelques bribes de vie de famille, des jeux avec mes deux sœurs et des animaux que ma mère recueillait : chats et chiens perdus. Elle élevait poules et lapins au fond du jardin. De mon père qui était peintre en bâtiment, je me souviens de l'odeur du savon noir et de l'huile de lin sur ses mains. Ma mère était couturière. Créative, gaie, lumineuse elle savait tout faire dans la maison. Avec mes deux sœurs, nous aimions traîner dans son atelier parmi les boutons, dentelles et bouts de tissus… Après mon Bac, j'ai décidé contre l'avis de ma famille de partir à Paris. J’ai fait trois ans aux Beaux-Arts de Paris. Après quelques années de vie maritale et deux enfants, pendant lesquelles j'ai continué l'artisanat : tissages et meubles et objets en bois peint, je me suis retrouvée seule avec mes enfants. J'ai déménagé et trouvé du travail comme éducatrice dans un centre d'accueil pour jeunes en difficulté où j'ai créé des ateliers d'expression libre. J'ai ensuite passé un diplôme d'éducatrice spécialisée et j'ai exercé ce métier pendant dix-huit ans dont quinze en village d'enfants. Depuis mon arrivée en Bretagne en 2001, J’ai fait quelques expositions. Maintenant retraitée, je peux me consacrer entièrement à la peinture. Créer, peindre me sont indispensables, mon imagination est perpétuellement à l'œuvre, je suis fascinée par la richesse du monde qui m'entoure sous toutes ses formes, végétales animales et par les gens, leur savoir-faire, leur personnalité. Je suis très curieuse des autres surtout si je ne les comprends pas. De caractère réservé, je suis plutôt observatrice et mal à l'aise dans une société trop codée et hiérarchisée, mais heureuse de toute rencontre individuelle. Quand je suis dans un processus créatif et que je peins, je me sens libre, pleinement moi et en paix. » Dominique Eustase est décédée en 2020