né en 1954, vit et travaille à Vabres (30) " Il y a d'abord le dessin. Des gribouillages enfantins à ceux d'aujourd’hui, il m'accompagne depuis toujours, clandestin, traits accrochés par la sergent-major dans les marges des cahiers d'écoles, timide parfois sur de grandes feuilles raisin, audacieux sur de petits bouts de papier volants, éphémère sur le sable des plages et les vitres embuées. Il s'est un jour affranchi des modèles trop présents qui retenaient la main pour suivre ce courant où l'instinct entraîne la plume et le pinceau gorgé de noir vers des lacs peuplés d'une étrange faune. Plus tard est venue la peinture comme une chair sur l'ossature d'encre." Bernard Le Nen août 2010 Regarder la peinture de Bernard Le Nen est un exercice périlleux qui ne peut que venir raviver nos terreurs d’enfance. Qui, enfant, n’a jamais un instant hésité à faire pivoter la clenche de la porte du cabinet noir, tâtonnant à la recherche de l’interrupteur, de peur de s’y trouver confronté à ce qui, là, grouille dans le noir en toute impunité ? Ou bien encore, regagnant les parties les plus obscures du logis, dans les demeures anciennes, qui n’a pas eu le sentiment tenace, rémanent, d’être épié, suivi, escorté d’une présence innommable, dont l’ombre s’attache à la nôtre, et, tremblant, de ne même pas pouvoir se retourner pour scruter l’épaisseur vibrionnante de la nuit ? Remarquable chez ce peintre cette capacité à laisser courir la main ; remarquable également cette faculté qu’ont le trait et la couleur, d’articuler les êtres, de les lover les uns dans les autres, réalisant ainsi un engendrement continu qui lie les têtes aux corps, ancre les humains aux bestiaux, infère l’animal du végétal, déduit l’intérieur de l’extérieur… Bernard Le Nen, le ténébreux, peintre de retables, enlumineur du démoniaque, pourvoyeur de gnomes lippus et de succubes mélancoliques est bien notre contemporain. Il nous entraîne à pas furtifs dans la forêt des origines et des peurs ancestrales … Le bestiaire fantastique que dépeint Bernard Le Nen fait plus que nous cerner, il nous habite…. N’attendez pas de sa peinture qu’elle dissipe vos angoisses, elle les peuple, les hante, elle les fait exsuder de l’inquiétante familiarité de vos propres fantasmes. Bernard Le Nen se situe sur la frange incertaine où se recouvrent les flux et reflux du conscient et de l’inconscient, de l’humanité et de la bestialité, de l’intelligible et du sensible, du rationnel et du fantastique. Et son travail vient à point pour nous rappeler qu’image et magie ne sont qu’un seul et même mot. Extraits d’un texte de Alain Bouillet paru dans le no 25 de Création Franche Bernard Le Nen a déjà exposé au Hang-art en 2008. Quatre de ses œuvres font partie de la collection.