Ebéniste au début des années 80, conteur depuis, je propose aujourd’hui mes « Marqueteries insolites » Lors du 1er confinement dû à la pandémie, les dates de mes spectacles de conte ont été annulées les unes après les autres. Plutôt que de me morfondre et d’attendre que passe l’orage, je me suis réfugié dans mon atelier, celui qui me servait lorsque j’étais ébéniste. De la marqueterie, je ne connaissais que l’approche traditionnelle, précise, rigoureuse et peu ludique. J’avais besoin, au contraire, de jaillissement, de joie, de profondeur. Ainsi sont nés mes premiers tableaux de placages colorés à cœur. Certains éléments de ma vie passée y sont intégrés comme si tout se tenait : le travail du bois, la musique, l’écriture, les voyages, l’enfance… Il y a quelques années, en ouverture de mon site de conteur, on pouvait lire : Raconter, dire, être entendu. Partager le doute et le questionnement face à la vie, rire aussi parce que le rire est le plus court chemin pour rejoindre l'autre. L'Autre... être avec lui, lui tendre la main, l'emmener dans mes voyages et accepter un jour de partir avec lui. Lâcher. Tout. Ne rien prouver. Ouvrir plutôt. Je peux reprendre ces mêmes mots aujourd’hui pour parler de mes « Marqueteries insolites ». « Au commencement, il y avait un nouveau-né, un de plus dans une famille déjà nombreuse. C’était l’automne, l’automne à la campagne; l’enfant a renâclé un peu à sortir. Il se disait “A quoi bon?” mais il l’a fait quand même! C’était il y a 68 ans. L’enfant a grandi, a joué aux Indiens dans les champs et les forêts alentours. Puis il a travaillé pour “gagner sa croûte” comme on lui avait appris mais lui pensait Je préfèrerais la mie, la croûte est trop dure. La mie, le pain blanc, il l’a connu après, années de rêve, d’amours, de voyages en mer, de musique et d’écriture. L’enfant est devenu homme, il a bâti des maisons, fabriqué des meubles. Mais il fallait que ça bouge, l’atelier d’ébénisterie n’était plus assez grand pour son regard. Alors il a aimé, c’est remuant l’amour! Il a fait des enfants, ça bouge, les enfants! La vie a continué, en grand. Il a fait le musicien dans des bars, dans des orchestres; il a écrit encore, des choses éphémères que quelques-uns ont lues, vues ou entendues puis il a eu envie de raconter le Déluge, une histoire qui l’avait toujours fasciné. Sa vie de conteur a commencé là, il y a à peu près 30 ans. Puis est venu le premier confinement, les spectacles à l’arrêt, le retour à l’atelier d’ébénisterie et à la marqueterie, pour, cette fois, laisser aller les couleurs et les jaillissements, sans trop se soucier de la précision des gestes ni de la technique… »