Née en 1956, vit et travaille dans l’Aveyron Biographie Dans l’atelier de ses parents, artisans maroquiniers en banlieue parisienne, colle et ciseaux en main dès l’âge de trois ans, elle découpe le cuir et l’assemble, fabrique des sacs pour ses poupées et, plus tard, ses vêtements. Maroquinière à son tour, elle assemble encore et encore, des cuirs de couleurs différentes. C’est de là que vient son processus de création : créer des compositions à partir d’une multitude d’éléments imbriqués ou plutôt mettre en scène des fragments de tissus et d’objets, investis d’une histoire, pour reconstituer une autre histoire. Par la répétition, comme un rituel, au fil des années, ce processus s’est affiné, peaufiné et l’artisanat est devenu art singulier. Très vite, elle goûte aux voyages, Inde, Amérique Centrale, Asie, cultures fortes, où elle rencontre le sens du sacré et d’où elle rapporte flamboyance, foisonnement. L’art de la collecte remonte à l’enfance. Assumer sa création libère sa boulimie et justifie l’accumulation. Elle collecte pour assembler et créer. Passée maître dans l’art de l’accumulation, sa maison-atelier est une véritable caverne d’Ali Baba où tissus, images et objets, mémoires de voyages et œuvres d’autres d’artistes, posés ou suspendus se côtoient, s’alignent ou s’amoncèlent, créant, ici et là, de véritables petits univers, autels sacrés du quotidien. C’est dans ces monticules bigarrés qu’elle fouine ou pioche à l’instinct, les éléments de ses compositions. Structurées, ses œuvres sont pourtant créées dans l’instant et Christine Fayon fait confiance à son intuition pour les choisir. Elle les façonne ensuite : les déchire, les tortille, les triture, les assemble et les colle ; puis vient la peinture qui « fait le lien entre ces petits hasards et peaufine la dissimulation de ces précieux secrets ». Il y a les mots aussi, les mots des autres dont elle extrait des bribes qui la touche et qu’elle tient à partager, les mots qu’elle trafique pour faire émerger au cœur de l’étoffe quelques phrases : message d’amour et de sagesse, pensées sensuelles et suspendues. Tableaux d’étoffes, carnets de voyage, art postal, bijoux textiles et plus récemment poupées composent son œuvre à ce jour. Sylvie Bousquet 2012 Avec des bribes d'objets, des bribes de tissus, de papiers, de mots, Christine Fayon écrit des bribes d'histoires, la sienne, foisonnante et colorée, énigmatique et poétique, enclose dans ses petits formats et ses oriflammes, et qui semble convenir au déchiffrement minutieux de ses rêves où s'absorbent les nôtres… Objets fétiches cousus dans les plis, boutons, petits cailloux, billets de train... Délicats reliquaires des souvenirs invisibles enveloppés dans un tissu en de mystérieux réticules. Secrets sensibles dont on sent la présence parce qu'elle est cachée dans le visible d'un petit reposoir fixé à la toile. Ce qui fait si émouvants ses tableaux d'étoffes et ses bannières, c'est cette multitude d'objets minuscules rendus précieux d'avoir été ramassés, choisis, conservés, qu'on peut aussi regarder un à un et qui viennent témoigner en douceur de la féminité du monde. Récits de l'univers et de l'intime. Pudique invitation au partage des errances retrouvées. Oriflammes à la tête des longues caravanes de l'imaginaire, ou à la proue des vaisseaux de la vraie vie, celle qui est ailleurs. Geneviève Brun