D’où ça vient « Je dessine depuis toujours. D’abord dans les cahiers de textes et sur les papiers volants de mon enfance. Tout me venait et donnait du sens à ce que je voyais : une image, un mot, une histoire, une ombre, un rêve, tout se répondait. Je garde des souvenirs de forêts, de ruisseau, de champignon, de tapis aux motifs étranges, de grandes reproductions de peintres, de tables et bancs en granit du jardin, de vieux livres lus avant de savoir lire. De l’autre côté de la mer, J’ai imaginé. Mes ancêtres s’appelaient Achille, Athéna, Adon, d’autres n’avaient pas de noms, mais des profils, des corps, des décors. Puis, comme les ruines antiques d’une civilisation disparue, il reste des traces, dont la signification a été perdue, transformée. Dans mon travail, je pense que c’est la même chose. Cette mythologie imaginaire a été le point de départ. Et puis, je suis venue à traiter le visage, la peinture, le dessin. Le visage comme un paysage. Est venu le choix et l’engagement. J’ai obtenu le DNSEP en Art Plastique en 1992. Je n’ai jamais arrêté depuis lors. La création me porte, je la nourris et elle me nourrit en retour. Un long entracte cependant, pour élever mes enfants. Je suis venue à la peinture après les Beaux-Arts. Auparavant je mettais en scène de petits personnages, ombres, têtes en terre crue. Un questionnement profond sur le fini et l’infini. L’inachevé, qui prend corps de façon visible. Une peinture en appelle une autre. Une émotion insaisissable, un souvenir en apparition, une course contre le temps et hors du temps… Mon atelier est dans ma tête, dans un carnet que j’emporte dans mon sac aussi. Je ne passe pas une heure sans penser à la toile en cours que j’ai laissé à la maison et qui m’attend. »