FILLAUDEAU Noël

FILLAUDEAU Noël

(1925 – 2003) Né à Boussay (44), où il est retourné vivre, après une hémorragie cérébrale, en 1992, Noël Fillaudeau pratique la peinture et la sculpture en autodidacte depuis l’âge de seize ans. En 1942, il commence son apprentissage de maçon, qu’il doit interrompre à la suite d’un grave accident du travail. Il fréquente alors quelque temps les Beaux-arts de Nantes puis de Paris, mais ne s’y sent pas assez libre et renonce aux études. Il poursuivra désormais sa création de façon tout à fait indépendante. En 1956, il entre en relation avec Gaston Chaissac, avec qui il entretiendra une correspondance jusqu’à la mort de ce dernier en 1964. En 1965, s’étant marié à une zurichoise, il quitte la France et s’installe en Suisse, où il restera vingt-sept ans. Noël Fillaudeau n’aime pas les matériaux trop neufs, dépourvus de poésie (« le papier blanc n’a pas de vie » aime-t-il dire). Il utilise de préférence des supports qui ont vécu (morceaux de bois, tôles, pierres, ardoises, liège, déchets divers, maculatures d’imprimerie) qu’il couvre de son graphisme très particulier mêlant parfois dessin et écriture : son « parler intérieur » comme il l’appelle, se sentant une parenté avec la magie primitive et en particulier l’art du Mexique. Art Brut et Compagnie – La Différence – « L’art peut être en toute chose. L’art peut se trouver dans un morceau de bois, dans un arbre, dans une maison, dans un morceau de chiffon, un vieux caleçon, dans n’importe quoi. Il peut se trouver sur un chapeau de paille. L’art, c’est découvrir une marque qui parle et la mettre en valeur... Alors à partir de la petite chose qui m’accroche, j’essaie de la transformer, de l’habiller à mon esprit, de ma façon de voir. D’y mettre quelque chose qui se rapporte à mon tempérament, c’est-à-dire à mon chant intérieur, c’est-à-dire d’y mettre un brin de poésie, c’est tout. L’art pour moi, c’est un champ (chant) poétique, c’est quelque chose qui vit au-delà du temps et de l’espace… On ne fait pas une œuvre d’art pour faire plaisir aux gens… Tout m’intéresse , je ne suis pas peintre, je suis poète ; je ne fais pas de l’art, je fais ce que je ressens ; c’est vrai aussi quand je cuisine, sans recette, comme beaucoup d’artistes. L’art c’est une émotion, quelque chose qu’on ressent, mais l’art peut être dans toute chose, dans n’importe quoi, dans un petit morceau de bois, dans un ciseau à bois… On dira l’art brut, mais moi, cela me chiffonne cette histoire d’art brut parce que l’on a beaucoup parlé de cela, parce que, ceux qui faisaient de l’art brut, c’étaient des désaxés, des déséquilibrés. Je ne suis peut-être pas très équilibré parce que, vous savez, tous les artistes ont peut-être un esprit à part… Il m’est impossible de vivre sans mon art… Dans mon atelier, je parle avec mes œuvres ; je fais des jeux de mots… Ca peut énerver les gens mais j’ai besoin de cette fraîcheur. Le plus fou n’est pas celui qui dit mais celui qui n’ose pas dire ! » Noël Fillaudeau