Née en 1960 à Versailles Vit et travaille maintenant à Vergonnes (49) où elle se consacre depuis 10 ans exclusivement à son métier d’artiste. « J’utilise principalement le fil de fer. Ce matériau, de par sa docilité et sa mémoire, autorise une grande liberté… Obéissant sans gommer le doute, il dessine dans l’espace. J’aime aussi le remplir, lui donner chair à l’aide de différentes fibres glanées ici et là. En parallèle, je poursuis une recherche en dessin, souvent sur de grands papiers. Je suis une manuelle. J’aime triturer. C’est ma façon de participer au monde. J’aime travailler le fil de fer qui offre la même liberté que le dessin. Il ne s’impose pas. C’est important de pouvoir laisser la liberté d’interprétation à ceux qui regardent l’œuvre » Nini Geslin Des objets d’art, ouvragés avec soin, sans la désinvolture distante, recommandée par les nouveaux catéchismes, fichtre ! Nini Geslin est une sorcière.Il y a de l’arachnéen dans cette artiste-là. Il faut la voir, accroupie sur ses dentelles, et cet œil, mauvais, jeté au visiteur impromptu pendant que l’autre, le bon œil, bave son fil : fil d’encre sur le papier, fil de fer tissant d’improbables créatures. L’atelier est habité en filigrane. La myopie peut-elle être invoquée ? Nini n’y voit goutte, en effet. A moins que ces formes dissoutes soient une leçon de vacuité. Mais la lumière s’emploie à donner du corps à cette production éthérée. Les ombres des œuvres dansent. Elles expriment ce que leur matrice leur imprime ; Les sculptures (sont-elles des sculptures ?) sont silencieuses autant que leurs ombres sont bavardes. Elles se mettent à table à l’heure des chouettes, comme dans ce grand dessin où l’encre griffe les pastels doux. Leurs énigmes trouvent écho dans nos arrière-boutiques. En prise sur quelque Anima, Nini Geslin ne s’emploie pas à résoudre une problématique absconse. Elle s’attelle à sa besogne obscure et lumineuse. Sereine et terrifiée, humaine donc, grande araignée, Olive sans Popeye. Nini Geslin est une sorcière. Patrick Rocard (mai 2003) Nini tressaille. Elle renifle l’humus. Nini est héritière d’une force tellurique qui afflue à ses mains, à ses yeux, sans qu’elle sache pourtant la traduire en phrases. Des mots trop secrets écorcheraient ses lèvres. Seules ses mains savent. Elle choisit un papier kraft froissé, déchiré, plein de plis et de taches. Un papier ayant déjà vécu, un palimpseste… Elle le caresse en le posant sur la table encombrée de pinceaux et de crayons qu’elle écarte d’un geste pour préparer ses poudres… Les noces de Nini. C’est une dévotion, un rituel… Concentrée accroupie. Nul ne la dérange. Elle tisse des fils de fer rouillés qui forment dans l’air de légers entrelacs. Un travail d’araignée… Joël Drouilleau