ROCHEREAU Jacques

ROCHEREAU Jacques

1943-2010. Vivait et travaillait à Nort sur Erdre -44- La peinture de Jacques-Michel Rochereau est habitée. Comme lui-même est habité, et pas seulement lorsqu’il se retrouve seul dans l’atelier, « en son parloir » comme il dit. Habité en permanence par des figures humaines ou animales, par des créatures familières ou invisibles, qui passent devant lui, le traversent, le croisent, au quotidien. Des êtres cherchent à se dire, via la matière, et peu importe que ce soient deux chiens noirs, un hibou ou une pianiste. Leur présence n’est pas (seulement) esthétique, elle est avant tout chargée de leurs émotions, mêlées à l’émotion du peintre, allant chercher la nôtre. Sa recherche n’est pas conceptuelle, elle est humaine. Le peintre et le tableau s’accompagnent l’un l’autre, avancent ensemble à tâtons pour rendre visible un réel sensible. Sa quête est celle d’un poète, trouver le mot juste, le reconnaître dans son extrême simplicité. La peinture de Jacques-Michel Rochereau n’est pas abstraite, pas plus qu’elle ne reproduit la réalité objective, rationnelle, établie. Elle est en dessous, ou alors en deçà. Elle n’imagine pas, elle creuse, de ce côté-ci de soi avec lequel on ne peut pas tricher. C’est parce que son regard sur son propre travail est empreint d’une profonde humilité, et parce que l’idée de « se montrer » le gêne que Rochereau a choisi, toute sa vie, de ne pas exposer. Il le fait aujourd’hui, à 60 ans, et nous invite à découvrir ses toiles les plus récentes, sur le thème des ombres, des vies parallèles. Quelque chose en rapport avec le monde de l’invisible, qui nous est donné à voir, ici. Albane Gellé, septembre 2003