Vit et travaille à Plouër sur Rance (22) Comme beaucoup de riverains, Christian Pinault a glané sur les grèves, tout ce que la mer a bien voulu lui rendre : bois flottés, métaux rouillés, galets lissés et verres dépolis… Collectionnés non pas pour le plaisir de les garder dans des caisses, mais pour leur faire subir une nouvelle métamorphose : faire de ces éléments, ici un corps humain, là une patte animale, ailleurs un visage… Les accoler, les changer, jusqu’à ce que, d’eux-mêmes, ils en viennent à trouver « leur » harmonie. Ajoutons que, fou de culture africaine, l’artiste varie les données au moyen du raku, des enfumages, etc. ; génère quel que soit l’individu obtenu, un délicieux mélange de tendresse, de spontanéité, de poésie qui ne se prend pas au sérieux, et d’humour un peu fou. « Christian Pinault crée à partir du « pinsé ». Ce mot, dérivé du breton pensë, signifie naufrage. Cette pratique remonte à la nuit des temps ; elle consiste à ramasser sur la côte ce que la mer rejette. La cueillette est toujours vivante en Bretagne. Ce créateur des bords de mer maîtrise parfaitement l’art d’accommoder les restes ; il n’a pas son pareil pour dénicher sur la plage, les épaves les plus insolites, celles qui portent la marque du brassage des flots ou les stigmates d’un séjour prolongé dans les eaux tumultueuses… Ce qui fait la singularité des œuvres de Christian Pinault, c’est le contraste entre leur facture brute et le raffinement qui en émane. Ses pièces portent très peu de couleurs, ses assemblages réunissent un petit nombre d’éléments et pourtant, la magie opère et le résultat s’avère d’une grande force d’expression. Ses totems, ses masques, ses boîtes à secrets, ses personnages témoignent d’un ensauvagement toujours recherché, de son goût pour l’élémentaire et pour la simplicité… Ses assemblages, à l’aspect primitif, constituent un univers poétique dans lequel la dérision côtoie l’humour, et la fantaisie la plus débridée… Rébus et rebuts marins entremêlés ». Joe Ryczko, Création Franche n°29