HOUSSAIS Yseult

HOUSSAIS Yseult

Née en 1975, à Nantes, vit et travaille à Montlaur dans l’Aude depuis 2002. Autodidacte. Elle commence à peindre vers l’âge de 16 ans. En passant de la gouache au collage pour arriver aux tableaux en relief, sortes d’enluminures de la récupération, elle embaume, enfouit des morceaux de jouets de son enfance… Jusqu’à des grandes toiles où se juxtaposent des moments de vie. Je ne sais pas si mon œuvre est triste ou gaie ; elle est telle que je vois la vie. Il y a des gens que mes créations angoissent…Normal, les œuvres libres terrorisent les oppressés, les trouilles-arts, ça les fait pâlir de voir ce naturel , cette vérité criée là. Yseult Houssais Voit-elle le monde par un hublot de machine à laver ? Il n’y a plus de sol qui assure les équilibres de la pesanteur, plus de perspective naturelle, plus de lumière du jour, plus de hiérarchie sociale, plus d’activité professionnelle, plus de mode vestimentaire, plus de pulsion normalisée, plus de ville aux architectures rationnelles, plus d’ordre, plus de sens, plus de sang… il y a des hommes blêmes, verdâtres, hydrocéphales, nus, aux muscles minces, mal assurés, accrochés dans un air de catacombe, hagards, démunis d’accessoires, irrésolus, privés d’affection, ne faisant rien, ne donnant rien, solitaires dans une foule d’égaux autonomes, se parlant à eux-mêmes, mutilés de leurs paupières, condamnés à fixer leur oisiveté douloureuse, grimaçant leur vie dans un bocal… En temps de guerre, on économise les ressources, on reconditionne les rebuts, on réinvente des énergies pauvres, on revient à la frugalité, on thésaurise les objets qui peuvent encore servir, on pratique le système D, on préfère l’utile, le vital, l’essentiel. Ainsi les décharges publiques se transforment en centres de récupération. Yseult ramasse les emballages, les boîtes, les couvercles, les carcasses de meubles, les comptabilités caduques, les cartons, les messages aux écritures délavées, les dossiers de bureaucrates, les images d’écoliers, les cahiers, les livres, les brochures, les carnets de commande, les publicités défraîchies. Tous les matériaux promis à la décomposition sont propices à sa création… Orgueil de ressusciter le jetable, de lui conférer une nouvelle affectation. Orgueil de lui prouver que l’homme tue son génie en le gaspillant, Yseult dessine, peint, exprime son jeune talent sur les choses du passé… Elle écoute volontiers avec ses yeux, elle parle beaucoup avec ses mains : elle travaille. Alain Arnéodo