Adam Nidzgorski est issu d’une famille d’origine polonaise. Il passe son enfance et son adolescence en France, puis en 1951, part pour Varsovie grâce à une bourse d’études. Il y reste jusqu’en 1956. L’art n’étant pas encore rentré dans sa vie, c’est par le sport qu’il s’exprime : il contribue notamment à introduire le judo en Pologne. Après un bref retour en France, il s’installe en Tunisie, où il exerce pendant dix ans en tant que professeur d’éducation physique à l’École d’éducation physique de Tunis. Adam Nidzgorski commence à dessiner à l’âge de trente ans. Véritable autodidacte, il ne reçoit aucune formation artistique. Les débuts sont difficiles : ses œuvres sont jugées comme maladroites, enfantines. Ses personnages sans oreille, sans perspective, étonnent et dérangent. Il expose pour la première fois en 1967, en Tunisie. Adam Nidzgorski ne travaille qu’un seul thème : la figure humaine. Ses personnages ont de grands yeux, au regard interrogatif, sur lesquels l’attention se fixe forcément en premier lieu. Ces yeux trahissent selon les œuvres joie, tendresse, parfois angoisse. Les traits simplifiés au possible et les couleurs très vives appellent un univers d’enfant. Les personnages bienveillants aux mouvements raidis s’enlacent les uns les autres sans cesser de dévisager le spectateur ; on trouve bien souvent une mère embrassant son enfant, rappelant les figures des icônes religieuses que Nidzgorski a côtoyées durant son enfance. « On dit parfois de mes dessins qu’il n’y a pas de perspective, pas d’oreilles… mais ce sont des choses qui n’ont pas d’importance pour moi, je n’y fais pas attention. Il faut quelque chose qui m’émeut. » « Le processus s’est mis en marche je ne sais trop comment, confie-t-il modestement, et pour moi la peinture est toujours un mystère. Souvent les gens disent que ce que je fais est triste, mais moi j’y vois plutôt de la gravité, la gravité de la vie, » Souvent ses personnages sont deux : sont deux, une mère et un enfant. « Je crois que c’est un besoin que j’ai eu : j’ai reçu énormément d’amour de ma mère, qui ne savait ni lire ni écrire, mais qui m’a permis de dépasser toutes les difficultés de la vie. je crois que c’est ce que je trouve de plus beau, la relation de la mère à l’enfant. » Déconcertant, le peintre ne se fait que médium d’un message qui le dépasse. « Je n’ai rien derrière la tête, j’ai tout en moi. Mais quand je termine un dessin, je ne sais pas ce qu’il s’est passé. J’ai l’impression que c’est seulement ma main. » Une déconnexion totale de la pensée, qu’il revendique pour lui-même, car « dans le vide il y a tout« , rappelle-t-il sagement en citant le bouddhisme ; mais aussi pour les autres. « Je veux que le spectateur enlève son masque et regarde mes tableaux avec émotion, sans chercher les codes de l’art. »