Né en 1957, découvert lors d’une tournée de spectacle ; il habite une maison qu’il a entièrement peinte et où s’entassent des milliers d’œuvres sur tout support, dans le bourg de Gençay au sud de Poitiers. Ce vrai brut a ému la France entière dans un reportage-parcours de vie, diffusé sur France Inter dans l’émission de Daniel Mermet : là-bas si j’y suis. Quand les habitants de Gençay, dorment encore ou rêvent leurs derniers rêves de la nuit, Pascal Audin est déjà souvent au travail, à son travail de peintre. Il aime ces heures de petit matin, de fraîcheur, de calme, de solitude. Lorsqu’il peint, là, il se sent très concentré et goûte au silence. Lorsqu’il n’est pas en création, Pascal peut parler sans s’arrêter dès qu’il a un interlocuteur. Il aime inventer des mots, ses propres mots. Il crée, il peint pour « éviter de gorgiter dans la tête ». Il peint plus que pour vivre. Il peint pour rester en vie, pour se sentir en vie. Et peut réaliser plusieurs œuvres dans la même journée. Beaucoup de peintures très colorées qui ramènent souvent à l’enfance, celle qui lui a été délibérément volée. Des totems en bois, des peintures sur tous matériaux qu’il récupère ou qu’on lui donne. Des couleurs vives, des aplats de couleur, beaucoup de soleils, des êtres fantastiques et imaginaires, de la joie de vivre. Et puis, en contraste depuis quelques années, des œuvres sur tissu, papier ou bois, d’une expression très fine réalisées au crayon d’argent. Elles tiennent du dessin noir et blanc voire de l’écriture puisqu’il y insère des textes sous forme de message au monde, avec son écriture à lui qui est celle d’un enfant qui a à peine fréquenté l’école. Travail très minutieux que celui-là. Dans des boîtes, des piles, des rouleaux, des armoires, c’est là que sont classées, rangées, triées ou pas, les œuvres de Pascal qu’il garde, qu’il archive, qu’il ne montre pas. Mais il sait qu’elles sont là. Il sait où est chaque chose, et connaît l’intimité de chaque recoin de sa maison. La rencontre avec Pascal Audin est-ce d’abord celle d’une personne ou celle d’une maison ? Bien sûr les deux. Une maison joyeuse de l’extérieur, pleine de couleurs sur la façade et les volets et riche à l’intérieur de milliers de créations. Un couloir, une cour, une mezzanine en hauteur pleine de soleil les fins de matinée, des chambres, des pièces aussi de tous les jours, des paliers, des recoins, des escaliers dont un mène au grenier où rares sont les élus qui peuvent y monter. Et dans toutes ces pièces, des œuvres bien sûr, certaines encadrées dans de vieux cadres qu’on lui donne. Et aussi des collections : de fourchettes qui font plate-bande dans la cour, d’ours que Pascal adore dit-il. C’est l’enfance qu’il n’a pas eue, de sifflets par centaines, de boîtes à musique, de cendriers, de boules qui font de la neiget d’autres, et d’autres. Et puis beaucoup de casseroles, de lessiveuses, de faitouts, de bassines, peints ou en attente. « J’aime bien !» nous dit Pascal ; « C’est beau, hein !... » « C’est très beau ça hein !... » « Ben oui, c’est comme ça.. » dit-il souvent avec tranquillité. Pendant longtemps Pascal a fait les brocantes, maintenant on lui apporte souvent les choses. Il attire la sympathie par la chaleur humaine qu’il offre à ses visiteurs, mais il n’aime pas les gens « cintrés ». Pascal estime avoir pris sa revanche sur la souffrance qui fut celle de son enfance. Il aime les enfants, adore les aider à mettre des couleurs dans leur vie. Inutile d’ailleurs de se présenter chez lui si on n’a pas gardé un tout petit peu d’enfance au fond de soi et surtout un regard au-delà des yeux comme lui-même regarde pour « imaginer les choses que l’on peut faire avec. » Joëlle Flahault février 2011